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LES SECONDS STATUTS SCHAW (1599)


Traduction inédite de l’anglais écossais.


A Édimbourg, le 28 décembre, 1599.


En premier lieu, il est ordonné que le surveillant [d’une loge] de la juridiction de Kilwinning1 et d’autres lieux dépendant de cette loge soit choisi et élu par la majorité des votes des maîtres de ladite loge, chaque année le 20 décembre, et cela, dans l’assemblée de Kilwinning, et qu’ensuite, le surveillant général soit averti, chaque année, de qui a été élu surveillant de la loge, immédiatement après son élection.

2. - Il est jugé nécessaire et expédient par Monseigneur le Surveillant général que chaque loge d’Écosse jouisse à l’avenir des anciennes libertés en usage dans le passé et, particulièrement, que la Loge de Kilwin­ning, seconde loge d’É­cosse, soit représentée à l’élection des sur­veillants des loges situées dans les districts de Cliddscale, Glasgow, Ayr et Carricko; avec pouvoir donné aux dits surveillant et diacre de Kilwinning de réunir l’ensemble des surveillants et des diacres susdits à Kilwinning ou en un autre lieu de l’ouest de l’Écosse lors­qu’ils en éprou­veront le besoin, et au moment qui leur con­viendra.

3. - Il est jugé opportun, par Monseigneur le Surveillant général, que la Loge d’Édimbourg soit, pour toujours, comme elle l’était auparavant, la première1 et principale loge d’Écosse, et que Kilwinning soit la seconde loge, comme elle l’était auparavant, ce qui est absolument clair dans nos anciens écrits, et que Stirling soit la troisième loge, conformément à ses anciens droits.

4. - Il est jugé nécessaire que les surveillants de chaque loge soient responsables, devant l’assemblée des anciens de leurs circonscriptions, des fautes que pourront commettre les maçons ; et le tiers des amendes sera consacré par la loge à des œuvres charitables.

5. - Le surveillant et les maîtres les plus anciens de chaque loge, au nombre maximum de six, se réuniront chaque année pour juger les infractions [aux règles] ; leur sentence sera rendue avec équité, justice et bonne conScience, suivant l’ancienne pratique.

6. - Il est ordonné, par Monseigneur le Surveillant général, que le surveillant de Kilwinning, seconde loge d’Écosse, choisisse six maîtres parmi les plus parfaits et les plus dignes de rester dans nos mémoires, dans la juridiction [de la loge] pour examiner tous ses maçons sur leur qualification, leur pratique du métier, et l’ancienne Science de la mémoire. En conséquence, le surveillant et le diacre seront, par la suite, responsables de ces personnes, placées sous leur responsabilité dans les limites de la juridiction.

7. - Pouvoir est donné au surveillant et au diacre de Kilwinning, seconde loge, d’exclure de la société ou compagnie toute personne qui refusera d’obéir aux anciens statuts, établis de glorieuse mémoire dans le passé et toute personne qui ne respectera pas l’assemblée, le métier, le conseil, les statuts et règlements qui pourront être faits à l’avenir, pour que le bon ordre règne.

8. - Il est ordonné par Monseigneur le Surveillant général que le surveillant et le diacre choisissent et appointent, en présence de l’intendant [quarter maisteris], un notaire2 renommé pour servir de se­cré­taire, et que ce notaire désigné occupe la fonction ; tous les contrats, acquits et autres écrits quels qu’ils soient, en rapport avec le métier, seront rédigés par ce seul secrétaire ; aucun écrit, document ou autre preuve ne sera accepté par lesdits surveillant et diacre s’il n’a été établi par ledit secrétaire et signé de sa main.

9. - Il est ordonné, par Monseigneur le Surveillant général, que tous les anciens statuts et règlements, établis par les prédécesseurs des maçons de Kilwinning, soient, à l’avenir, fidèlement observés par les gens du métier , et que tout ap­prenti ou compagnon ne pourra désormais qu’être reçu dans l’église de Kilwinning uniquement, sa paroisse et seconde loge ; et que tous les banquets de réception des apprentis ou des compagnons se feront dans ladite Loge de Kilwinning.

10. - Il est ordonné que tous les compagnons paieront, le jour de leur réception, au registre de la loge, la somme de dix livres pour le banquet, plus dix shillings pour le prix des gants dès qu’ils auront été reçus. Personne ne sera reçu sans un examen satisfaisant sur l’art de mémoire et l’art du métier, effectué par le surveillant, le diacre et l’intendant de la logeo; conformément aux anciens usages,, ils en seront responsables devant le Surveillant général.

11. - Tous les apprentis devant être reçus ne le seront que s’ils paient d’abord pour le banquet susdit la somme de six livres, ou bien ils paieront le banquet pour tous les membres du métier appartenant à ladite loge et à ses apprentis.

12. - Il est ordonné que le surveillant et le diacre de la seconde loge d’Écosse, située à Kilwinning, recevront le serment de fidélité et d’obéissance de tous les maîtres et com­pagnons placés sous leur responsabilité, une fois par an, selon lequel ils ne seront pas en affaire avec des cowans et qu’ils ne travailleront pas avec eux, ni avec leurs aides, ni avec leurs apprentis, sous peine d’encourir les pénalités prévues dans les anciens statuts.

13. - Il est ordonné par le Surveillant général que la Loge de Kilwinning, seconde loge d’Écosse, soumette à l’examen de l’art de mémoire chaque compagnon et chaque apprenti, selon selon un état particulier et, au cas où il en aurait oublié quelque point, de lui faire payer les pénalités qui suivent, pour sa négligence : 20 shillings pour un compagnon, 10 shillings pour un apprentis, à verser à la caisse de la loge, selon l’usage habituel des loges ordinaires de ce royaume.

14. - En ce qui concerne le respect, l’observance et le maintien des statuts et autres règlements établis par le surveillant, le diacre et l’intendant de cette loge, pour que l’ordre règne dans l’équité, la justice et la tradition, le Surveillant général a donné pouvoir audit surveillant, comme il est écrit plus haut, de prendre toutes décisions conformément à la règle de la fonction. 

Pour en donner témoignage, moi, Surveillant général d’Écosse, j’ai décidé de mettre par écrit ces statuts et règlements ; en foi de quoi, j’ai signé de ma main.

15. - Qu’il soit porté à la connaissance du surveillant, du diacre et des maîtres de la Loge de Kilwinning qu’Archibald Barklay, désigné représentant de cette loge, s’est présenté à Édimbourg les 27 et 28 décembre, où ledit Archibald, en présence du Surveillant général et des maîtres de la Loge d’Édimbourg, a produit son mandat et a agi en toute honnêteté et prudence pour régler les affaires qui lui ont été con­fiées.

Mais en raison de l’absence de sa Majesté, qui est éloi­gnée de la ville et parce qu’il n’y a que des maîtres de la Loge d’Édimbourg réunis en cet instant, on ne peut parvenir actuellement à conclure un bon accord (comme les devoirs du métier l’exigent) ; mais, plus tard, quand l’occasion en sera offerte, nous obtiendrons de sa Majesté une charte fixant les droits particuliers des loges, et définissant les pénalités devant être imposées aux gens qui troublent l’ordre établi.

Cela étant dit, je pense qu’il est bon de signifier à chaque frère de la loge que, pour en porter témoignage, et ce jusqu’à la prochaine opportunité, j’ai signé la présente de ma main à Holyrood3, le 28 de décembre, en l’an de grâce 1599.


William Schaw, Maistir of Wark

Wairden of Ye Maisons

(Maître des Travaux et Surveillant général des Maçons).

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NOTES

1 - La tradition maçonnique veut que la Loge d’Édimbourg ait été fondée en juillet 1599 ; en fait la date indiquée marque seulement le début du registre le plus ancien que possède encore la loge, créée sans aucun doute des générations, sinon des siècles plus tôt. La Loge de Kilwinning, qui aurait été fondée lors de la construction de l’abbaye locale en… 1140, ne possède pas d’archives antérieures à 1642. Quant à la Loge ancienne de Stirling, elle affirme que ses maçons opératifs ont été, au XIIe siècle, les bâtisseurs du château et de deux églises de la ville.

2 - Le Secrétaire de la Loge est un notaire profane, ce qui tendrait à prouver que si les maçons doivent faire preuve de qualifications professionnelles et de valeurs morales, ils n’ont pas à montrer de culture ou d’instruction particulière.

3 - Construit au XIIe siècle à Édimbourg, le château d’Holyrood (Holy Ruid) a servi de résidence royale du XVe siècle au XVIIe siècle, no­tamment au roi Jacques VI Stuart.

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