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LA PREMIÈRE CHARTE SINCLAIR (1601)


Traduction inédite de l’anglais écossais.


Qu’il soit connu de tous, par la présente, 

Par nous, Diacres, Maîtres, Maçons libres du royaume d’É­cosse, avec le con­sentement exprès et l’assentiment de William Schaw2, Maître des Travaux de notre Souverain, que les Seigneurs de Roslin [Rosslyn] ont toujours été, comme il a été depuis longtemps observé, nos bienfaiteurs et les protecteurs de nos droits. 

Nos prédécesseurs les avaient eux-mêmes reconnus comme bienfaiteurs et protecteurs.

Cependant, depuis quelques années, suite à des faits de négligence et de paresse, il en a été différemment ; non seulement le Seigneur de Rosslyn s’est trouvé privé de son bon droit, mais notre Métier tout entier n’a plus eu de bienfaiteur, de protecteur ni d’administrateur. 

Ce qui a occasionné de nombreux dérèglements et des dépravations, tant parmi nous que dans notre Métier. 

Ainsi, il en a résulté que bien des gens ont éprouvé des ressentiments à notre encontre et à celle de notre Métier, et ont laissé à l’abandon de grands projets, ceci en raison d’inconduites qui n’ont pas été sanctionnées ; tant ceux qui ont commis des fautes que les honnêtes gens se sont montrés dès lors déçus du Métier et de son sort.

Compte tenu des inconvénients divers et nombreux, résultant de l’absence d’un guide et protecteur, nous ne pouvons nous en remettre au jugement des juges ordinaires de ce royaume, ceci à cause de notre pauvreté et de la lenteur des procédures, pour obtenir réparation. En conséquence, pour que l’ordre règne toujours parmi nous, pour le déve­lop­pement de notre Métier et son rôle dans ce royaume, 

Nous, agissant pour nous-mêmes et au nom de nos chers frè­res et gens du Métier, avec leur consentement, 

Agréons et acceptons que William Sinclair, maintenant de Rosslyn, pour lui-même et ses héritiers, acquiert et obtienne des mains de notre Souverain la liberté et le droit d’être à jamais notre protecteur et juge, ainsi que le Grand Maître3 de notre Métier dans ce roy­aume ; de telle sorte que nous puissions le reconnaître, lui [le Seigneur de Rosslyn] et ses héritiers, comme notre protecteur et notre juge, sous les auspices de notre Souverain, sans la moindre contestation à ses jugements, avec le pouvoir reconnu audit William et à ses héritiers de désigner un ou plusieurs juges assistants pour exercer sur nous et nos suc­ces­seurs, ainsi que sur les bourgs et les campagnes, le droit de justice qu’il appartiendra à notre Souverain de leur attribuer.


William Schaw,

Maître des Travaux. 


• Édimbourg - Andrew Simson - John Robson.

• Saint-Andrews - • • • •

• Hadington - P. Campbell, représentant John Saw, J.

• Vallance - William Aittoun.

• Achieson Heaven - George Aittoun, Jo.Fwsetter, Thomas Petticrif.

• Dumfermlin - Robert Pest.

• Thomas Weir, Maçon à Edimbourg ; Thomas Robertson, surveillant de la loge de Dumfermlin, et Saint-Andrews, représentant les frères du Métier, dans leurs loges ; David Skowgall, Alexander Gilbert, et David Spens pour la loge Saint-Andrews, Andrew Alison et Archibald Angous, commissionnaires pour la loge de Dumfermlin, et Robert Baize de Haddington ; avons posé nos mains sur la plume du notaire soussigné, étant donné que nous ne savons pas écrire.

• Ita est Laurentius Robertson, notarius publicus ad praemissa requisitus de specialibus mandatis dict. Personarum schribere nescien. Ut aseruerunt testan.

 Manu mea propria.

(Laurentius Robertson, notaire public, pour­vu de mandats spéciaux par des personnes qui ne savent pas écrire, pour qu’elles portent témoignage par ma propre main).

• Ita est Henricus Banna (Tyne) connotarius ad premissa (de mandatis) antedictarum personarum (scribere nescientium ut aseruerunt teste) manu mea propria.

(Henricus Banna (Tyne), assistant notaire, à la charge des personnes susdites, qui ne savent pas écrire, pour qu’elles portent témoignage, par ma propre main).

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NOTES

1. - Le symbolisme de la chapelle de Rosslyn a été mis à mal par Robert L. D. Cooper, dans son récent ouvrage : « Rosslyn - Splendeurs, mythes, Réalités » (traduction Jean Solis), Éditions La Hutte (2011).

2. - La Charte Sinclair ne remettant pas en question les Statuts de William Schaw, il paraît plausible qu’elle en découle, à seule fin de confirmer la primauté de William Rosslyn sur les Maçons écossais. Âgé de 52 ans, le Maître des Travaux de Jac­ques II décédera l’année suivante.

3. - Nous avons volontairement traduit « haill fessoris » (dear professor, selon les transcriptions anglaises modernes) par Grand Maître, plutôt que Cher Maître ou Cher Guide.

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