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LE MANUSCRIT D'YORK (1600)


Traduction inédite de l’Anglais ancien.


Que la puissance du Père des cieux, et la sagesse d’un Fils glorieux, par la grâce de Dieu et la bonté de l’Esprit saint, soit trois personnes en un seul Dieu, soient avec nous à notre commencement, et nous accorde la grâce de bien nous con­duire en cette vie, de manière que nous méritions sa bénédiction éternelle.


Chers Frères et Compagnons, notre propos est de vous raconter comment et de quelle manière cette digne Science de la Maçonnerie a été fondée et comment, ensuite, elle a pu être maintenue et confortée par des rois et des princes valeureux, ainsi que par bien d’autres hommes de qualité. 

Ainsi, à tous ceux qui sont ici, nous proclamons les Devoirs qu’il incombe à cha­que maçon libre1 de conserver avec foio; et en conséquence, sachez qu’il y a lieu de préserver cette Science ancienne, l’une des sept Sciences libérales. Les noms de ces sept Sciences sont les suivants :

La première est la Grammaire, qui enseigne à l’homme à parler et écrire correctement. 

La seconde est la Rhétorique, qui enseigne à l’homme à bien parler, en termes élégants. 

La troisième est la Dialectique ou Logique, qui enseigne à l’homme à discerner le vrai du faux. 

La quatrième est l’A­rithmétique, qui enseigne à l’homme à reconnaître et à compter toutes sortes de nombres. 

La cinquième est la Géométrie, qui enseigne [à l’homme] toutes les mesures de la terre et bien d’autres choses de cette Science physique qu’est la Maçonnerie. 

La sixième Science est appelée Musique, elle enseigne à l’homme l’art du chant et de la voix, de l’orgue, de la harpe et de la trompette. 

Et la septième Science est appelée Astronomie, elle enseigne à l’homme la connaissance de la marche du soleil, de la lune et des étoiles. 

Ainsi sont les sept Sciences libérales, qui se trouvent toutes réunies en une seule, savoir la Géométrie, et ceci tend à prouver à l’hom­me que l’essence du travail découle de la Géométrie, car celle-ci enseigne l’estimation, la mesure, la pon­­­­­dé­ration et le pesage de toutes les choses qui sont sur la terreo; car il n’est pas d’homme qui puisse pratiquer une Science s’il n’accomplit un travail de mesure ou de pesage et tout ceci est la Géométrie. 

Des marchands, des artisans et de tous ceux qui pratiquent les sept Sciences, et particulièrement les laboureurs, les semeurs de toutes sortes de grains et de graines, les planteurs de vignes, les marchands de fruits, personne ne peut dénombrer ou mesurer, par la Grammaire, la Rhétorique, l’Astronomie ou toute autre Science libérale, sans recourir à la Géométrieo; je pense que cette Science de la Géo­métrie a la plus grande importance car elle a établi toutes les autres. 

Je vais maintenant vous dire comment cette Science est apparue. Avant le déluge de Noé vécut un hom­­me appelé Lamech [Lémec], ainsi qu’il est écrit dans la Bible au chapitre 4 de la Genèse. Et ce Lémec eut deux femmes, l’une appelée Ada avec laquelle il eut deux fils, l’un appelé Jabal et l’autre Jubal. Et son autre femme était appelée Tsilla, avec qui il eut un fils Tubalcaine [Tubal-Caïn], et une fille appelée Naamao; et ces quatre enfants fondèrent les premiers éléments de toutes les Sciences du monde. Jabal, l’aîné, fonda la Science de la Géométrie ; c’était un gardien de troupeaux de moutons et de brebis dans les champs, ainsi qu’il est noté dans le chapitre sus-nommé. 

Son frère Jubal fonda la Science de la Musique, en chant, harpe et orgue. Et le troisième frère, Tubal-Caïn, fon­da le métier des forgerons, en or, argent, fer, cuivre et acier. Et leur sœur Naama fonda le métier du tissage. 

Et tous ces gens, sachant bien que Dieu allait se venger du péché [des hommes], par le feu ou par l’eau, décidèrent d’inscrire les différentes Sciences qu’ils avaient inventées sur deux colonnes de pierre qui pourraient être retrouvés après le déluge de Noé. La première pierre était de marbre, pour ne pas être détruite par le feu, et l’autre était de Lternes [brique], parce que ne pouvant être engloutie par l’eau. 

Notre intention est maintenant de vous dire comment, et dans quelles circonstances, ces pierres, sur lesquelles étaient inscrites les Scien­ces, furent trouvées. Hermarines [Hermès], qui était fils de Cube [Cush], fils de Sem, fils de Noé, et que l’on appela le père de la sagesse, trouva l’une des deux colonnes de pierre ainsi que les Sciences qui s’y trouvaient inscrites qu’il enseigna aux autres hommes. 

Et lors de la cons­truction de la tour de Babel [Toure of Babell] il y eut la Maçonnerie, très estimée du roi de Babylone, appelé Nimrodo; il fut maçon lui-même et eut les maçons en grande estime, ainsi que la Science [de Maçonnerie], comme il est dit chez les Maîtres des Histoires2.

Et quand la cité de Ninive, et d’autres cités de l’Asie, furent sur le point d’être édifiées, Nimrod, le roi de Babylone, y envoya soixante maçons, ceci à la demande du roi de Ninive, son cousin, et quand il les envoya il leur donna des consignes. 

Ils devraient être loyaux les uns envers les autreso; ils devraient s’aimer mutuellement ; ils devraient servir leur seigneur loyalement pour leur salaire, de façon que le maître puisse recevoir le sien ainsi que tout ce qui devait lui revenir. Il leur donna d’autres Devoirs encore, et ce fut la première fois que des maçon reçurent des Devoirs pour leur Métier.

Quoi qu’il en soit, Abraham et Sara, sa femme, se rendirent en Égypte, et là ils enseignèrent les sept Sciences aux égyptiens ; et il [Abraham] eut un élève particulièrement doué nommé Euclide, qui étudia avec soin et devint le Maître des sept Sciences ; et, durant le cours de sa vie, il advint que les seigneurs et les gens de condition de ce pays eurent tant de fils, certains avec leurs épouses, d’autres avec leurs concubines, que celui-ci se trouva surpeuplé et qu’ils ne furent en état de subvenir aux besoins de leurs enfants ; aussi le roi de ce pays réunit-il un grand conseil, qu’il consulta sur les moyens de permettre à leurs enfants de vivre honnêtement comme des gentilshommes, mais aucun moyen ne put être trouvé. 

Ils [les seigneurs et les gens de condition] firent diffuser une proclamation à travers le royaume spécifiant que si quelqu’un était à même de les conseiller, il devrait se présenter et qu’il serait alors récompensé pour son intervention.

Après que cette proclamation eut été faite, vint Euclide, ce clerc remarquable, qui dit au roi et aux seigneurs : 

« Si vous m’acceptez pour instruire et enseigner vos enfants sur les sept Sciences, alors ils pourront vivre honnêtement comme des gens de qualité. J’agirai ainsi à la condition que vous m’accordiez, ainsi qu’à eux, un mandat me donnant pouvoir de les diriger selon les règles exigées par les Sciences ». 

Le roi et son conseil lui accordèrent ce mandat. Alors ce remarquable docteur prit avec lui les fils des seigneurs et leur enseigna la Science de la Géométrie, et la pratique du travail de la pierre de toutes les façons propres à assurer la construction d’églises, de temples, de châteaux, de tours et de toutes autres sortes d’édifices ; et il leur donna les Devoirs de cette Science.

Premiè­rement ils devraient être fidèles au seigneur qu’ils serviraiento; ils devraient s’aimer les uns les autres et être loyaux entre euxo; ils devraient s’appeler mutuellement Compagnons ou Frères, et non serviteurs, valets, ou d’un autre nom dégradant ; ils devraient pleinement mériter leur paie du seigneur, ou du maître qu’ils serviraient ; ils devraient désigner les plus sages d’entre eux pour être les Maîtres des travaux, et ne jamais choisir par amour, affection, grandeur ou richesse, celui qui n’aurait pas une capacité et un savoir suffisants pour le devenir, en quel cas le maître pourrait être mal servi et eux-mêmes être honteux et déshonorés ; ils devraient se soumettre aux ordres du maître durant tout le temps qu’ils travailleraient avec lui. 

[Il leur donna] bien d’autres règles qu’il serait trop long d’énumérer qu’il leur fit jurer de respecter par un serment en usage à ce moment ; il détermina pour eux une paie raisonnable leur permettant de vivre honnêtement ; [il ordonna] qu’ils s’assemblassent une fois par an, afin de se con­sulter sur le meilleur moyen de travailler pour le profit du seigneur et leur propre réputation ; et de redresser celui d’entre eux qui pourrait avoir agi à l’encontre de la Science. 

Ainsi fut établie la Science en Égypte, que le no­ble clerc Euclide fut le premier à nommer Géométrie, et que l’on appelle désormais Maçonnerie à travers tout ce pays.

Et après cela, quand les enfants d’Israël arrivèrent dans la terre de Behest, qui est maintenant appelée par nous pays de Jurie [Jérusalem], le roi David commença la construction du temple que l’on nomme désormais Temple Dom [Templum Dei], ou encore temple de Jérusalem ; et ledit roi David, qui aimait les maçons, au point de les chérir, prit soin d’eux, leur donnant de bons salaires, ainsi que des Devoirs et des coutumes, tels que ceux qu’ils avaient appris d’Euclide en Égypte, et bien d’autres Devoirs dont vous allez entendre parler maintenant. Après le décès du roi David, Salomon, son fils, finit le temple que son père avait commencé, et il envoya chercher des maçons dans divers pays et dans diverses contrées, et les réunit ; ainsi eut-il quatre vingtaines de milliers [80o000] d’ouvriers de la pierre, qui étaient Maçons, dont il choisit trois mille pour être Maîtres et Gouverneurs du Métier. 

Il y eut, par ailleurs, un roi d’une autre région qu’on appelait Hieram [Hiram] et qui, aimait si bien le roi Salomon qu’il lui fournit toute la charpente pour son entreprise. Il avait un fils appelé Amon3, qui était Maître en Géométrie, et Grand Maître des gravures, sculptures, et de tous les maçons ainsi que de la Maçonnerie, comme il apparaît dans les Écritures, dans le premier Livre des Rois, au chap. 5. Et ce Salomon confirma les Devoirs et les coutumes que son père avait accordés aux maçons, et ce fut ainsi que la plus estimable Science de la Maçonnerie fut confirmée dans le pays des Juifs, dans la cité de Jérusalem et dans de nombreux autres royaumes. 

Des hommes du Métier, habiles, s’en allèrent dans d’autres pays, certains pour apprendre le Métier, d’autres pour enseigner aux autres leur savoir et leurs aptitudes. Il se trouva que l’un de ces maçons fut Namus Grecas [Naymus Grecus], qui avait participé à la construction du temple de Salomono; et qui s’en vint en France où il enseigna la Science de la Maçonnerie aux gens du pays. 

Et là se trouvait un homme de lignée royale, appelé Charles Martall [Martel], qui aima tellement le Métier qu’il s’adressa à Naymus Grecus pour apprendre de lui le Métier, ses Devoirs et ses coutumes. 

Plus tard, il fut élu, avec la grâce de Dieu, roi de France, et quand il eut été couronné il aida à faire de nouveaux maçons d’hommes qui précédemment ne l’étaient paso; et il leur donna des Devoirs et des coutumes, ainsi qu’un bon salaire comme il l’avait appris d’autres maçons, et encore il délivra une Charte pour qu’ils tiennent chaque année une assemblée là où ils se trouveraient, et c’est ainsi que ce fameux Métier fut implanté en France.

L’Angleterre ignora tout de la Maçonnerie, et des règles imposées à cette Science, jusqu’à l’époque de saint Albon [Alban], quand le roi d’Angleterre, un païen, construisit les murs de la ville que l’on nomme maintenant St-Albons [St.Albans]. 

Et saint Alban fut un preux chevalier et l’intendant de la maison du roi ; il avait le gouvernement du roy­aume, et il eut à diriger les travaux des murs de ladite ville, et il aima et chérit les maçons, leur fit délivrer de bons salaires : 2 shillings 6 pence par semaine et 3 pence pour leurs collations, alors qu’avant cette époque, par tout le pays, un maçon ne recevait qu’un penny par jouro; et il leur fit délivrer par le roi et son conseil une charte leur permettant d’organiser une réunion générale, qualifiée d’assembléeo; fait lui-même maçon, il aida à en faire d’autres, et leur délivra des Devoirs dont nous allons vous parler.

Mais de grandes guerres furent déclarées en Angleterre, après la mort de saint Alban, qui vinrent de diverses nations, aussi les règles de la Maçonnerie furent-elles pratiquement détruites, jus­qu’aux jours du roi Athelston [Athelstan], qui fut un bon roi d’Angleterre, qui apporta la paix et la tranquil­lité sur le territoire, et qui mena à bien de grands travaux de construction d’abbayes, châteaux, villes et autres édifices, et il aima bien les maçons. 

Il eut un fils du nom d’Edwin qui aima les maçons encore plus que son père, qui fut un grand praticien de la Géométrie, et qui aima beaucoup s’entretenir avec les maçons et apprendre d’eux leurs connaissances et leur savoir-faire, et qui, suite à l’amour qu’il leur portait, fut lui-même fait maçono; il obtint pour eux du roi son père une charte et une commission leur permettant de tenir une assemblée annuelle, là où ils pourraient se trouver, dans le royaume d’Angleterre, en vue de corriger en leur sein toutes les fautes et offenses commises dans le Métier.

 Et il tint lui-même une assemblée à York, au cours de laquelle il fit des maçons et leur donna les Devoirs, et leur enseigna des coutumes, qu’il leur commanda d’observer à jamais, et il leur donna la charte devant, selon ses ordres, être renouvelée de règne en règne. 

Et quand l’assemblée fut réunie, il fit une proclamation selon laquelle tous les maçons, jeunes ou vieux, qui avaient con­naissance de Devoirs et de coutumes, établis antérieurement sur cette terre ou sur d’autres, concernant ladite Science, de les apporter, et quand ceux-ci eurent été vus et examinés, il se trouva que certains étaient en français, d’autres en grec, quelques-uns en anglais et en d’autres langues. 

Le sens et la portée de ces Devoirs ayant été clairement déterminés, il en fit faire un livre, rapportant comment le Métier avait été fondéo; et il ordonna qu’il [ce livre] fût lu chaque fois que des maçons seraient admis, pour leur faire connaître les Devoirs. Et à partir de ce jour, jusqu’à présent, les coutumes des maçons ont été conservées et observées de cette façon. Notez encore qu’au cours de diverses autres assemblées, il a été ajouté de nouvelles règles pour le bien des maîtres et des compagnons. 

Tunc unus ex senioribus teneat Librum vt ille vel illi potiat vel potiant manus Sup librum et tunc precepta deberent Legi4.

Chaque homme qui est Maçon doit tenir compte de ces Devoirs, et s’il se trouve lui-même en faute de l’un d’eux, laissez-le s’amender devant Dieu ; et en particulier, vous qui devez les appliquer, prenez garde de les respecter, car il est périlleux et dangereux pour un homme de se parjurer sur les Saintes Écritures.

1. - Le premier Devoir est que vous soyez un homme fidèle à Dieu et à la Sainte Église, que vous ne devez user d’erreur ou d’hérésie, en votre entendement et enseignement d’hom­ mes discrets et avisés.

2. - Vous devez être de véritables hommes liges du roi d’Angleterre, vous gardant de toute trahison et autre déloyauté ; et si vous avez connaissance de quelque félonie, vous devez l’empêcher si vous pouvez, ou bien alerter le roi et son conseil, en intervenant auprès de ses officiers.

3. - Vous serez loyaux les uns envers les autres, c’est-à-dire envers tous les maçons du Métier de la Maçonnerie qui sont maçons admis [reconnus, ou acceptés], et agirez à leur égard comme vous aimeriez qu’ils agissent envers vous.

4. - Vous garderez secrètes les délibérations tant de la Loge que de la Chambre5, et toutes les autres délibérations qu’il y a lieu de garder [secrètes] en matière de Maçonnerie.

5. - Vous ne commettrez pas de vol, mais demeurerez honnêtes.

6. - Vous serez fidèles au seigneur, ou au maître, que vous servez, et veillerez loyalement à ce que son profit et son bénéfice soient accrus.

7. - Vous appellerez les maçons Frères, ou Compagnons, et ne leur donnerez aucun nom désobligeant.

8. - Vous n’abuserez jamais de la femme de votre compagnon, ne désirerez pas davantage sa fille ou sa servante, ni ne le discréditerez.

9. - Et encore, vous paierez honnêtement votre nourriture et votre boisson partout où vous irez vous restaurer ; et vous ne ferez rien de nature à nuire au Métier, ou encourir sa disgrâce.

Ce sont là les Devoirs généraux du maçon, qui doivent être observés par les maîtres et les compagnons. 


Voici maintenant certains Devoirs particuliers à l’usage des maîtres et des compagnons :

1. - Aucun maître ne se chargera de l’ouvrage d’un seigneur, ou de toute autre personne, s’il ne se sait suffisamment capable et instruit pour l’entreprendre et l’achever, de manière qu’il n’en résulte aucun dommage pour le Métier, et que le seigneur soit bien et loyalement servi.

2. - Aucun maître ne prendra d’ouvrage à un prix déraisonnable, mais de sorte que le seigneur puisse être bien et loyalement servi, et que le maître puisse vivre honorablement et payer loyalement ses compagnons, comme le veulent les coutumes du Métier.

3. - Aucun maître ou compagnon ne supplantera un autre dans son travail ; c’est-à-dire que si un maître ou un compagnon s’est chargé d’un travail, et est donc Maître d’œuvre, personne ne cherchera à l’évincer, sauf s’il est in­capable de l’achever.

4. - Aucun maître ou compagnon ne prendra d’apprenti pour une durée inférieure à sept années ; si l’apprenti n’est pas apte au travail, pourvu de tous ses membres, de bonne naissance, né libre, non étranger, mais issu d’une honnête famille, et sans servitude.

5. - Aucun maçon ne prendra d’apprenti s’il n’a pas assez de travail pour pouvoir employer au moins deux ou trois compagnons.

6. - Aucun maître ou compagnon ne donnera du travail payé à la tâche à un homme habitué à travailler à la journée..

7. - Chaque maître donnera à ses compagnons un salaire correspondant au travail accompli, en veillant à ne pas être déçu par un travail mal fait.

8. - Personne ne médira d’un autre derrière son dos, de manière à lui faire perdre sa bonne réputation ou ses biens terrestres.

9. - Aucun compagnon, ni dans la Loge ni au dehors, ne répondra mal ou avec réprobation à un autre, sans une bonne raison.

10. - Tout maçon respectera ses aînés, et les honorera.

11. - Aucun maçon ne s’adonnera à des jeux de hasard, ni aux dés, ni à aucun autre jeu défendu, ce qui ferait médire du Métier.

12. - Aucun compagnon ne quittera la Loge pour aller en ville sans être accompagné d’un compagnon pouvant témoigner qu’il était en un lieu honnête et en bonne compagnie. 

13. - Tous les maîtres et compagnons viendront à l’assemblée des maçons si elle a lieu à proximité6, et s’ils en ont été prévenus.

14. - Et s’ils ont commis une faute, ou sont contrevenus aux règles du  Métier, ils se soumettront au jugement des maîtres et des compagnons, qui chercheront à les mettre d’accordo; et si aucun accord ne peut être trouvé, ils devront s’en remettre à la loi civile.

15. - Aucun maître ou compagnon ne fera de gabarit, d’é­querre, ni de jauge pour un maçon de pose7 ; ou ne demandera à un maçon de pose [à l’intérieur de la Loge] ou en dehors de retailler des pierres façonnées8.

16. - Tout maçon se devra d’accueillir et de traiter avec affection les compagnons étrangers quand ils arriveront d’autres pays, et il leur donnera du travail s’il le peut ; s’il n’a pas de pierres [taillées] ou façonnées à mettre en place, il leur donne-ra de l’argent pour faire face à leurs besoins élémentaires, jusqu’à ce qu’ils par-viennent à une autre Loge.

17. - Tout maçon devra exécuter son travail loyalement, et servir au mieux le seigneur pour mériter son salaire ; et il achèvera loyalement l’ouvrage entrepris, qu’il soit à la tâche ou à la journée, s’il veut pouvoir être payé selon ce qui avait été convenu.


Ces Devoirs que nous venons de vous présenter, ainsi qu’à toutes les autres personnes présentes, et qui appartiennent à tous les maçons, vous devrez les observer fidèlement, de toutes vos forces. 

Que Dieu vous vienne en aide, par le contenu de ce livre. 

Amen.

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NOTES

1 - Première rencontre avec le terme anglais : Free Mason - Maçon libreo; et non Franc Maçon.

2 - Maîtres des Histoires - Même confusion que dans le Manuscrit Grand Lodgeo; voir chapitre 12, note 3. 

3 - Le roi Hiram a ici un fils qui se nomme Amon quand, dans le Manuscrit Grand Lodge (chapitre 12), celui-ci avait pour nom : Aynone.

4 - Traduction : Un des Anciens tient le livre, et il ou ils [celui ou ceux qui sont faits Maçons] posent les mains sur le livre, et alors on doit lire les Devoirs.

5 - Lodge and Chamber - La distinction entre le chantier et la chambre de réunion n’est pas obligatoire ici, compte tenu du fait que le texte fait souvent usage de répétitions. 

6 - Curieuse différence : dans le Manuscrit Grand Lodge n°1 (chapitre 12), il est fait état d’un rayon de 50 miles, qui se réduit ici à… un seul mille, soit 1 609 mètres… 

7 - Layer - Maçon de pose ; voir chapitre 12, note 10.

8 - Nous avons traduit « to hew mould stones » par : retailler des pierres façonnéeso; nous aurions pu toutefois, à tort ou à raison, considérer qu’il s’agissait de retailler des pierres « moulées », savoir des briques.

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