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LES ANCIENNES CONSTITUTIONS (1722)


Traduction inédite de l’anglais.


THE OLD CONSTITUTIONS

belonging to the Ancient and Honourable

SOCIETY OF FREE AND ACCEPTED MASONS


Taken from a Manuscript wrote above 500 years since.

(Tirées d’un manuscrit écrit il y a plus de 500 ans).


La Préface


Si quelque chose avait pu échapper aux jugements de cette époque controversée, si un groupe constitué des hommes les plus innocents du monde pouvait être libéré de toute raillerie et de tout sarcasme, on pourrait croire que l’ancienne et noble Société des Francs-Maçons était composée de ces gens-là. Que n’ont-ils pas à conseiller au monde, et pour gagner les faveurs et la protection de la femme et de l’honnête hommeo?

De même que leur Art est des plus anciens, de même leur profession est des plus honorables. Le besoin qu’a eu le monde, dès le début, de la profession de Maçon est la preuve de leur utilité ; je crois en effet qu’on ne peut mettre en doute que les hommes ont eu des abris avant même de porter des vêtements. Il ne fait aucun doute que Caïn bâtit une cité et qu’Abel dressa un autel pour offrir des offrandes au seigneur.

Comme ils [Les Francs-Maçons] sont utiles et de même anciens, on ne peut être surpris de constater que le monde les a honorés d’autant de marques de respect, dont il était capable à cette époque, et peut-être davantage même que l’on peut l’imaginer aujourd’hui. 

Ces marques d’honneur et de respect, n’en doutons pas, ont conduit vers eux des hommes de valeur qui ont pensé qu’il n’était pas indigne pour eux de porter l’insigne de la Société, ni de reconnaître leur grandeur, puisqu’ils aimaient l’Art. Sous la protection de telles personnes d’honneur et d’intérêt, il ne peut être rapporté combien de constructions ils ont érigées, quels édifices célèbres ils ont élevés, du Temple de Jérusalem à la magnifique basilique Saint-Pierre de Rome.  

Comment cette Société a-t-elle été acceptée ; comment a-t-elle œuvré régulièrement ; pourquoi des lois ont-elles été établies, et comment les ont-ils observées scrupuleusement, comme étant le ciment parfait de la Société ; tout cela sera partiellement révélé dans cet écrit. Leur valeur n’a été ni amoindrie ni abattue par toutes les médisances que certains ont fait circuler à leur encontre, ou par les libertés prises pour les railler et les ridiculiser. La boue qui leur a été jetée revient à ceux qui l’avaient produite, et l’honneur de la Société des Francs-Maçons demeure intact.

Plus encore pourrait être dit concernant leur honneur, mais ce document ancien paraît suffisant, car il donnera au lecteur un aperçu authentique de ce qu’ils sont. On n’a connu de leur monde, jusqu’à présent, que des fragments, mais on peut maintenant en avoir une vision globale significative ; ce qui permettra de libérer l’Ancienne Société des Francs-Maçons de toutes les attaques qui ont été ou peuvent être menées à son encontre. 


L’Histoire des Francs-Maçons


Que le tout-puissant Père des Cieux, avec la sagesse de son glorieux fils, par la grâce de l’Esprit Saint, trois personnes en un seul Dieu, soit avec nous à notre commencement, et nous donne sa grâce pour guider nos vies, de telle façon que nous puissions atteindre sa béatitude, qui n’aura jamais de fin. Amen.

Mes chers Frères et Compagnons, notre dessein est de vous raconter comment le Métier de la Maçonnerie a commencé, et ensuite comment il a été établi par de preux Rois et Princes, et d’autres hommes pleins de sagesse, qu’il n’est dangereux pour personne ; et de déclarer aussi à ceux qui sont loyaux qu’il appartient à tout Franc-Maçon de conserver une foi inébranlable (faites-y très attention, elle est digne qu’on la conserve ainsi), telle qu’elle est contenue dans les sept Sciences libérales, ainsi définies :


- Premièrement, la Grammaire enseigne à l’homme comment parler juste et écrire de même.

- La Rhétorique enseigne à l’homme comment bien parler et en termes choisis.

- La Logique enseigne à l’homme comment discerner le vrai du faux.

- L’Arithmétique enseigne à l’homme à compter, et calculer toutes sortes de nombres.

- La Géométrie enseigne à tout mesurer ; c’est d’elle que vient la Maçonnerie.

- La Musique enseigne [à l’homme] comment chanter.

- L’Astronomie enseigne [à l’homme] comment connaître la course du soleil, de la lune et des autres ornements du ciel.


Remarquez, je vous prie, que ces sept [Sciences] sont contenues dans la Géométrie, qui enseigne la mesure, la pondération et le poids de tout ce qui peut exister sur et dans la terre. Tout artisan fait usage de mesures dans son travail. Celui, ou celle, qui achète ou qui vend, le fait par le pesage et la mesure. Les cultivateurs, les laboureurs, les terrassiers utilisent tous la Géométrie ; car ni la Grammaire, ni la Rhétorique, ou la Logique, ni aucune autre de ces Sciences ne peut en effet subsister sans la Géométrie, savoir celle qui a le plus de valeur.

Vous me demandez comment cette Science [la Géométrie] a été inventéeo; ma réponse est la suivante : avant le déluge universel, qu’on appelle habituellement le Déluge de Noé, il y avait un homme nommé Lamech [Lémec], comme on peut le lire au IVe chapitre de la Genèse. Il avait deux femmeso: la première s’appelait Ada, l’autre Tsilla. D’Ada, il engendra deux fils, Jabal et Jubal. De Tsilla, il eut un fils nom­mé Tubal [Tubal-Caïn] et une fille nommée Naama. Ces quatre enfants découvrirent les principes de tous les métiers du monde. Jabal inventa la Géométrie, et il partagea [aussi] les troupeaux de moutons et les terreso; il fut le premier à bâtir une demeure de pierre et de bois. Jubal inventa la Musique ; Tubal-Caïn inventa le métier de forgeron, et aussi le travail de l’or, de l’argent, du cuivre, du fer et de l’acier. Naama découvrit le métier du tissage. 

Ces enfants eurent conscience que Dieu voulait châtier le monde à cause de son péché, par le feu et par l’eau. Ils gravèrent donc les Sciences qu’ils avaient découvertes sur deux colonnes de pierre, pour qu’on les trouve après le châtiment divin. L’une était de marbre et ne pouvait être détruite par le feu, l’autre était faite de Latres [brique] et ne pouvait se dissoudre dans l’eau. L’une [des deux] pouvait donc résister et ne pas être détruite, si Dieu souhaitait qu’un peuple survive sur la terre. Il reste maintenant à vous dire comment ces pierres, où les Sciences étaient inscrites, furent trouvées après le déluge. 

Il plut au Dieu tout-puissant que le grand Hermarmes, dont le fils était Lunie, fils de Sem, fils de Noé (ledit Hermarmes fut ensuite appelé Hermès, père de Lunie) découvrit l’un des deux colonnes de pierre. Il y trouva les Sciences qui y étaient inscrites, et les enseigna aux autres hom­mes. 

A la tour de Babel, la Maçonnerie fut beaucoup pratiquée, car le roi de Babylone, Nemorth [Nimrod], était maçon et professa la Science. Lorsque la ville de Ninive, et d’autres cités de l’Orient, furent cons­truites, Nimrod y envoya soi­xante maçons, comme le voulait le roi de Ninive. Lors­qu’ils s’y rendirent, il leur donna l’obligation suivante : ils devraient être loyaux les uns envers les autres et s’aimer les uns les autres, pour qu’il en retirât l’honneur de les avoir envoyés au roi son cousin. Il leur donna aussi une obligation à propos de leur Science. 

C’était la première fois qu’un Maçon recevait une obligation concernant son travail. Ensuite, Abraham alla en Égypte avec sa femme Sara. Il enseigna les sept Scien­ces libérales aux Égyptiens. Il eut un disciple de valeur appelé Euclide, qui apprit parfaitement ces Sciences. 

Il arriva à son époque que les Princes et les nobles du roy­aume eurent tant de fils, de manière illégitime, avec les fem­mes d’autres hommes, que le pays en fut encombré, car ils n’avaient que peu de moyens pour subvenir à leurs besoins. Conscient de la situation, le roi convoqua une assemblée pour faire des réformes, mais comme ils étaient si nombreux [les enfants] on ne trouva aucune solution ; ce qui le conduisit à faire une proclamation dans tout le royaume : s’il se trouvait quelqu’un susceptible de trouver un moyen de s’occuper d’eux, il devrait en informer le roi, et il serait grandement récompensé. 

C’est alors qu’Euclide se présenta de­vant le roi, et lui dit!:

« Noble Souverain, si vous me confiez les enfants de ces seigneurs, je leur enseignerai les sept Sciences libérales, et ainsi ils pourront vivre honnêtement comme des hommes de bien, à condition que vous m’octroyiez [le droit] d’avoir autorité sur eux, en vertu de votre pouvoir ». 


Ce qui fut accordé aussitôt, et Euclide leur donna les conseils suivants :

- Être fidèles à leur roi.

- Être fidèles au maître qu’ils serviraient.

- Être loyaux et s’aimer les uns les autres.

- Ne pas s’insulter les uns les autres, etc.

- Faire leur travail honnêtement pour mériter le salaire accordé par leur maître.

- Désigner le plus sage d’entre eux pour diriger le travail des autres.

- Obtenir un salaire raisonnable de sorte que chacun puisse vivre décemment, et avec honneur.

FoSe réunir une fois l’an, pour tenir conseil sur ce qui con­cernerait le Métier, comment travailler mieux pour servir le maître ou le seigneur, pour leur profit et leur réputation, et pour sanctionner ceux qui auraient commis des fautes.

C’est à cette époque que la Maçonnerie a été appelée Géométrie. 

Les enfants d’Israël arrivèrent en Terre promise, qu’on appelle maintenant, parmi les peuples, le pays de Jérusalem. Ils y commen­cèrent la construction d’un temple, qu’on appelle de nos jours le Temple de Jérusalem. Le roi David avait beaucoup d’amitié pour les maçons et il leur donna de bons salaires ; il leur accorda des obligations, comme Eu­clide leur en avait données auparavant en Égypte. 

Plus tard, après le décès du roi David, son fils Salomon acheva le Temple que son père 4 avait commencé. Il envoya chercher de nombreux maçons de divers pays, de sorte qu’il y en eut quatre-vingt mille ; quatre mille [d’entre eux] furent choisis et reçus com­me Maîtres et Surveillants des travaux.

Il y eut un roi, dans un autre pays, qui s’appelait Hiram ; il aimait beaucoup Salomon et il lui donna du bois de charpente pour ses travaux. Il avait un fils appelé Amon, et c’était un Maître en Géométrie. Il fut le Maître Maçon de toutes les sculptures et de tous les autres ouvrages de Maçonnerie du Temple, comme on le voit dans la Bible, au Livre des Rois, chap. 4. 

Le roi Salomon confirma toutes les obligations que son père David avait données aux maçons ; et les maçons s’en allèrent dans différents pays, certains pour accroître leurs connaissances dans l’Art [de la Maçonnerie], et d’au­tres pour les enseigner.

Il advint qu’un maçon habile, du nom de Memongrecus 5 [Naymus Grecus], qui avait travaillé à la construction du Temple de Salomon, se rendit en France, et enseigna la Science de la Maçonnerie aux français. Il y avait là un roi de France nommé Carolus Martel [Charles Martel], qui aimait beaucoup la Maçonnerie. Il envoya chercher Naymus Grecus, et il apprit de lui ces Sciences, et devint membre de la Fraternité. Il commença alors de grands travaux et il paya généreusement ses ouvriers. Il leur délivra une charte, et il fut présent chaque année à leur assemblée, ce qui était leur faire beaucoup d’honneur ; et il leur accorda de grands encouragements. 

C’est ainsi que le Métier arriva en France.

La Science de la Maçonnerie était inconnue en Angleterre, jusqu’à l’arrivée de saint Alban. Celui-ci enseigna ladite Science de la Ma­çon­nerie au roi, mais aussi la théologie, car le roi était un païen ; il entoura de murs la ville qu’on appelle maintenant Saint-Albans. Le roi l’estima tellement qu’il le fit chevalier et qu’il le nomma son Intendant en chefo; il eut ainsi la direction du royaume sous le règne dudit roi. 

Il [saint Alban] éprouva beaucoup d’amitié pour les maçons, et il paya honnêtement leur salaire à la semaine, c’est-à-dire 3 shillings 6 pence. De plus, il obtint pour eux une charte du roi pour qu’ils puissent tenir une assemblée générale et un conseil chaque année. Il reçut beaucoup de maçons et leur donna l’obligation énoncée plus loin.

Il advint alors, après le martyre de saint Alban, qu’on appelle très justement le proto-martyr anglais, qu’un roi envahit le pays et qu’il exécuta la majorité des habitants par l’épée et par le feu. La Science de la Maçonnerie fut en grand déclin jusqu’au règne du roi Athelston [Athelstan], qu’on écrit aussi Adleston ; il ramena la paix dans le pays, après avoir vaincu les odieux Danois. 

Il se mit à édifier un grand nombre d’abbayes, de monastères et d’autres constructions religieuses, mais aussi des châteaux et différentes forteresses pour assurer la défense de son royaume. Il aima davantage les maçons que son père. Il étudia profondément la Géo­métrie, et il envoya chercher des hommes experts dans cette Sciences, dans divers pays. Il leur accorda une charte où il était précisé que, chaque année, ils devaient tenir une assemblée, avec le pouvoir de sanctionner ceux qui auraient commis des fautes dans cette Science. 

Le roi lui-même convoqua une assemblée générale de tous les maçons de son royaume, à York ; là il reçut de nombreux maçons. Il leur donna une obligation très détaillée contenant tous les articles relatifs à la Maçonnerie qu’il leur appartiendrait d’observer, et il con­fia cette charte à leur gar­de. 

Lorsque cette assemblée fut réunie, il fit faire une proclamation selon laquelle si l’un d’entre eux possédait quel­­qu’écrit concernant la Maçonnerie, ou s’il pouvait porter à la connaissance du roi quelque chose qui manquait dans la charte déjà octroyée, celui-ci devrait le montrer ou le rapporter au roi. On en trouva ainsi en français, en grec, en anglais et en d’autres langues. 

Le roi fit alors faire un livre où il était expliqué comment la Science avait été inventée, ainsi que son utilité. Il ordonna que ce livre soit lu, et expliqué clairement, avant la réception de tout maçon, de sorte que celui-ci puisse comprendre dans leur intégralité les articles, les règles et les règlements qu’il s’engagerait à observer. 

Depuis ce temps, la Maçonnerie a été grandement respectée et maintenue en l’état. Divers nouveaux articles ont été ajoutés à cette obligation, sur les con­seils avisés des maîtres et des compagnons, ceci avec leur accord.

Tunc Unus ex Senioribus veniat librum illi qui Injurandum reddat & ponat Manum in libro vel supra librum dum Articulus & Precepta sibi legentur7.


A dire en tant qu’exhortation.


Mes chers Amis et Frères, je vous prie instamment, vous qui tenez au salut éternel de votre âme, à votre honneur et au bien de votre pays, d’observer très scrupuleusement ces articles, que je vais lire, car vous devez les appliquer tout autant qu’il se peut faire. 

J’espère donc que vous y accorderez toute votre attention, et je vais, par la grâce de Dieu, commencer l’énoncé de cette obligation.


1. - Je dois vous exhorter à honorer Dieu dans sa sainte Église ; ne vous adonnez à aucune hérésie, schisme ou faute dans votre entendement, ou qui discrédite les enseignements des hommes.

2. - Soyez fidèles au roi, notre Souverain, à ses héritiers et à ses successeurs légitimes. Ne commettez pas de trahison, de rébellion, ou de félonie, et si vous avez connaissance d’un acte délictueux commis par un homme, vous devez en avertir immédiatement Sa Majesté, ses conseillers privés, ou quel­qu’autre personne qui possède le pouvoir d’enquêter.

3. - Soyez loyaux envers vos compagnons et frères dans la Science de la Maçonnerie, et agissez envers eux comme vous voudriez qu’ils agissent envers vous.

4. - Gardez secrets les points obscurs et difficiles à comprendre de la Science de la Maçonnerie ; n’en parlez qu’à ceux qui les étudient et les utilisent.

5. - Faites votre travail loyalement et fidèlement, en confortant le profit du client.

6. - Appelez Maçons vos compagnons et frères, sans y ajouter des noms de valets ou d’autres termes incongrus.

7. - Ne prenez pas outrageusement la femme de votre prochain, ni sa fille, ni sa servante, dans une relation impie.

8. - Ne couchez pas et n’ayez pas de relations charnelles avec une femme habitant la maison où vous prenez vos repas.

9. - Payez honnêtement vos repas là où vous prenez pension

10. - N’entreprenez pas de travail pour quelqu’un si vous vous sentez incapable de l’achever, de façon que la Science n’en subisse aucun discrédit, ou que le seigneur ou client, qui a commandé ce travail, ne subisse le moindre préjudice.

11. - Ne prenez  pas de travail à un tarif exorbitant, ce qui porterait préjudice au client, mais faites en sorte que ce qui lui appartient lui donne pleine et entière satisfaction.

12. - Faites votre travail de manière à pouvoir en vivre honnêtement et à payer à vos compagnons le salaire qu’exige la Science.

13. - N’évincez pas un de vos compagnons de son travail, c’est-à-dire que si lui, ou n’importe lequel d’entre eux, a entrepris un chantier et se trouve être le Maître du chantier d’un seigneur ou d’un client, vous ne le chasserez pas de ce chantier, même si vous vous apercevez qu’il est incapable de l’achever.

14. - Ne prenez pas d’apprenti à votre service dans ladite Science de la Maçonnerie, pour une durée inférieure à sept années ; ni quiconque qui n’est d’honnête et de bonne naissance, pour qu’aucun reproche ne puisse être fait à ladite Science de la Maçonnerie.

15. - N’acceptez pas de recevoir un maçon sans le consentement de six, ou au moins de cinq de vos compagnons ; et personne qui ne soit né libre, dont les parents n’ont pas bonne réputation, qui ne soit pourvu de tous ses membres, et dont le corps ne soit pas apte à servir ladite Science.

16. - Ne payez aucun de vos compagnons plus qu’il ne le mérite, pour ne pas être trompé par un travail mal fait ou peu soigné, et que le client n’en soit ainsi lésé.

17. - Ne médisez sur aucun compagnon dans son dos, ce qui pourrait lui faire perdre ses biens matériels ou sa bonne réputation.

18. - Ne répondez pas à un compagnon de manière discourtoise ou en jurant, sauf nécessité, mais comme à un frère bien aimé de ladite Science.

19. - Accordez le respect qu’ils méritent à vos compagnons, de façon qu’un lien de charité et d’amour mutuel demeure solide entre vous.

20. - Ne vous adonnez pas aux jeux défendus, tels que les jeux de dés, de cartes, ou autres, excepté pendant la période de Noël.

21. - Ne fréquentez pas les maisons de débauche, et n’incitez pas vos compagnons à le faire, ce qui serait d’un grand scandale pour la Scien­ce.

22. - Ne sortez pas le soir pour boire, ou s’il advient que vous deviez sortir, ne restez pas dehors après huit heures, ayant avec vous plusieurs compagnons, ou au moins un, pour témoigner que l’endroit où vous vous êtes rendu est honnête, et que votre conduite l’a également été, tout cela en vue d’é­viter tout reproche.

23. - Vous vous rendrez normalement à l’assemblée annuelle, si vous connaissez l’endroit où elle se tient, situé à moins de dix miles5 de là où vous habitez. Vous vous soumettrez au jugement de vos compagnons [si vous avez commis un délit], pour réparer celui-ci, ou vous défendre suivant les lois roy­ales.

24. - Vous ne fabriquerez pas de gabarit, d’équerre ou de règle destinés au façonnage de la pierre, hormis ceux autorisés par la Fraternité.

25. - N’employez de maçons étrangers que si vous avez du travail à leur donner pendant au moins deux semaines, et pouvez leur payer un salaire honnête. Si vous n’avez pas de travail pour eux, libérez-les en leur donnant assez d’argent pour qu’ils puissent aller jusqu’à la Loge suivante.

26. - Faites loyalement votre travail, et menez-le à terme loyalement, que celui-ci soit [payé] à la tâche ou à la journée, si vous voulez en obtenir le paiement selon l’accord que vous aurez passé avec le maître ou le client.

Tous les articles de cette obligation, que je viens de vous lire, observez-les aussi fidèlement que vous serez en mesure de le faire, et que vous saurez le faire. Que Dieu vous aide, par le contenu sacré de ce livre.


Serment - Moi, X……, en présence de Dieu tout-puissant et de mes Compagnons et Frères ici présents, je promets et déclare que, jamais à l’avenir, par aucun acte ou dans aucune circonstance que ce soit, directement ou indirectement, je ne publierai, révèlerai, divulguerai ou dévoilerai, l’un quelcon­que de ces secrets, usages ou délibérations de la Fraternité ou Société des Francs-Maçons, qui me sont confiés maintenant, ou qui le seront plus tard. Que Dieu me vienne en aide, avec le contenu sacré de ce livre.


Cette obligation concerne les Apprentis.


Premièrement, honorez fidèlement Dieu et sa sainte Église, le Roi, votre maître et sa dame ; ne vous absentez pas, hormis avec la permission de l’un d’eux ou de tous, pendant le jour ou la nuit.

2. - Vous ne chaparderez, volerez, ni n’aiderez à voler, même s’il ne s’agit que de six pence.

3. - Vous ne commettrez pas d’adultère ou de fornication dans la maison de votre maître, avec sa femme, sa fille ou sa servante.

4. - Vous ne dévoilerez pas les secrets et les discussions de votre maître ou de sa dame, ceux qu’ils vous ont confiés, ni ce qui doit être caché, qui est dit ou fait dans le secret de leur maison, par eux, l’un d’entre eux ou par un franc-maçon.

5. - Vous ne soutiendrez aucun argument désobligeant avec votre maître, sa dame ou un franc-maçon.

6. - Vous vous conduirez avec respect à l’égard de tous les francs-maçons, en ne faisant aucun usage de cartes, de dés, ou d’autres jeux défendus, sauf à l’époque de Noël.

7. - Vous ne fréquenterez pas les tavernes ou les auberges, et n’y entrerez pas, sauf si c’est sur l’ordre de votre maître, ou de sa dame, pour leurs affaires, ou avec le consentement de l’un ou des deux.

8. - Vous ne commettrez pas d’adultère ou de fornication dans la maison de quiconque où vous êtes hébergés ou vous travaillez.

9. - Vous ne vous marierez pas, ou ne vous fiancerez pas tout au long de votre apprentissage.

10. - Vous ne vous accaparerez pas des biens de quiconque, et spécialement de votre maître, ou de l’un de ses compagnons maçons, ni ne souffrirez qu’on ne les vole, mais vous vous opposerez au délinquant si vous le pouvez.

Si vous ne le pouvez pas, vous en informerez immédiatement votre maître et ses compagnons.


Règles et Constitutions additionnelles 

faites et agréées en assemblée générale, 

tenue à…… le 8ème jour de décembre 1663. 


1. - Que personne, quel que soit son rang, ne soit reçu franc-maçon, à moins que ce soit dans une Loge d’au moins cinq Francs-Maçons, dont l’un doit être maître ou Surveillant du district où se tient la Loge, et un autre artisan du Métier de la Franc-Maçonnerie.

2. - Que personne ne soit à l’avenir reçu franc-maçon, s’il n’est sain de corps, de bonne naissance, de bonne réputation et s’il ne respecte les lois du pays.

3. - Que personne, après avoir été reçu franc-maçon, ne soit admis dans une Loge ou dans une assemblée, à moins d’apporter la preuve écrite du moment et du lieu de sa réception, provenant de la Loge qui l’a reçu, établie par le Maître du district où la Loge s’est tenue, lequel Maître devra consigner tout cela sur un rouleau de parchemin destiné à cet usage, qui donnera le compte-rendu de telles réceptions, à cha­que assemblée générale.

4. - Que tout individu, devenu francs-maçon, apporte au Maître une lettre prouvant le moment et le lieu de sa réception, pour que cela soit inscrit dans l’ordre d’ancienneté qu’il mérite, et pour que les membres de la Compagnie tout entière et les compagnons puissent mieux se connaître entre eux.

5. - Qu’à l’avenir, cette Société, Compagnie et Fraternité des francs-maçons soit dirigée par un Maître, et par autant de Surveillants que ladite Compagnie jugera utile de choisir à chaque assemblée annuelle.

6. - Que personne ne soit reçu franc-maçon à moins d’avoir au moins vingt-et-un ans, ou plus.

7. - Que personne ne puisse à l’avenir être reçu franc-maçon, ou n’ait communication des secrets de cette Société, à moins d’avoir d’abord prêté le serment de secret qui suit :


Moi, ...…, en présence de Dieu tout-puissant, de mes Compagnons et de mes Frères ici présents, je promets et déclare que, jamais à l’avenir, par aucun acte ou dans aucune circonstance que ce soit, je ne publierai, révèlerai, divulguerai ou dévoilerai, maintenant ou plus tard, l’un quelconque de ces secrets, usages, ou délibérations de la Fraternité ou Société des Francs-Maçons, qui me sont confiés maintenant, ou qui le seront plus tard. Que Dieu me vienne en aide, avec le contenu sacré de ce livre.


FINIS.

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NOTES

1 - Première rencontre avec des Maçons libres et acceptés (Free and Accepted Masons ; libres sans doute de corps comme souvent indiqué dans les Anciens Devoirs, acceptés parce que n’appartenant pas au Métier de la Maçonnerie.

2 - Il est précisé sur la page de titre que ces « Vieilles Constitutionso» ont été recopiées d’un manuscrit vieux de plus de 500 ans… (taken from a Manuscript wrote above five hundred years since).

3 - A notre connaissance, il n’existe actuellement au monde que deux exemplaires des « Constitutions » de Roberts, le premier détenu étant par la Grande Loge Unie d’Angleterre, l’autre par la Grande Loge d’Iowa, aux États-Unis.

4 - Il est à noter que le texte rapporte que le Temple a été en partie construit par le roi David, ceci malgré les références faites aux Écritures hébraïques.

5 - Pour Memongrecus, alias Naymus Grecus (ou Naymus Græcus), voir Note 8, Chapitre 5.

6 - Un des Anciens tient le livre, et il ou ils [celui ou ceux qui sont faits Maçons] posent les mains sur le livre, et alors on doit lire les Devoirs (Obligations).

7 - Dix miles = seize kilomètres.

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