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LA SECONDE CHARTE SINCLAIR (1628)


Traduction inédite de l’anglais écossais.


Qu’il soit connu à tout le monde par la présente, 

Par nous, Diacres, Maîtres, Maçons libres et Marteliers1 du roy­aume d’É­cosse, que pendant longtemps, il a prévalu par­mi nous et nos prédécesseurs que les Seigneurs de Roslin (Rosslyn) étaient nos bienfaiteurs et les protecteurs de nos privilèges ; nos prédécesseurs leur ont obéi, les ont révérés et reconnus comme patrons et protecteurs. 

Ils possédaient des lettres de protection et d’autres droits concédés, de bonne mémoire, par les plus nobles progéniteurs de Sa Majesté, qui avec d’autres [biens et documents] des Seigneurs de Rosslyn, ont été consumés dans un incendie survenu dans le château de Rosslyn... 

Cette destruction bien connue de nous et de nos prédécesseurs, Diacres, Maîtres et Hommes libres, a entraîné pour nous, par paresse et négligence, la perte de nos droits et privilèges, ainsi que la protection des Seigneurs de Rosslyn, privés [eux-mêmes] de leurs droits. 

Le Métier tout entier a perdu son bienfaiteur, son protecteur et son guide, ce qui a engendré de nombreux désagréments, tant parmi nous que dans notre Métier. Ce qui a fourni à de nombreuses person­nes de se faire une mauvaise opinion de nous et du Métier, mettant fin à de grands projets qui auraient pu être réalisés si notre mauvais comportement avait été amendé. 

Pour y remédier et pour rétablir l’ordre parmi nous dans tous les temps à venir, afin de propager notre Métier dans le Roy­aume d’Écosse, et poursuivre notre action, [en mémoire] de nos prédécesseurs, et au nom de nos frères et ouvriers, avec l’avis et le consentement exprès de William Schaw, Maître des Travaux, accordés au Seigneur, votre père, 

Nous avons agréé, consenti, et jugé avantageux, que William Sinclair de Rosslyn, père de Sir William Sinclair, maintenant de Rosslyn, demande et obtienne, pour lui-même et ses héritiers, des mains de sa Majesté, la liberté, une franchise, et la juridiction sur nous et nos pré­- décesseurs, Diacres, Maîtres, et Hommes libres, pour être notre protecteur et juge dans ledit royaume, où il avait reçu pouvoir et mandat, de sorte qu’il puisse être et que nous puissions le reconnaître, lui et ses héritiers, comme protecteur et juge sous les auspices du Souverain Seigneur, sans aucun appel de son jugement à l’infini, comme le précisait le contrat signé par ledit Maître des Travaux et nos prédécesseurs. 

Ayant une parfaite connaissance de l’habileté et du jugement que possède ledit William Sinclair, maintenant de Rosslyn, concernant notre Métier, et pour les désagréments et les inconvénients multiples, causés par des personnes incapables, nous avons ratifié et approuvé, et à présent approuvons et ratifions la lettre de juridiction et de liberté, conçue et signée par nos frères et Son Altesse, Maître des Travaux, à William Sinclair de Rosslyn, père dudit Sir William, par laquelle lui et ses héritiers ont été reconnus comme protecteurs et juges sous l’autorité du Souverain Seigneur, sur nous et tous les membres de notre Fraternité dans le Royaume d’Écosse, sans qu’il puisse être fait appel de leurs juge­ments dans les temps à venir. 

De plus, d’une seule et même voix, nous affirmons à nouveau avoir désigné, et désignons par la présente ledit Sir William Sinclair, maintenant de Rosslyn, ainsi que ses héritiers mâles, comme nos bienfaiteurs, protecteurs et gui­des, sous l’autorité de notre Souverain, ayant plein pouvoir sur nous et nos successeurs, Diacres, Maîtres, Hommes libres et Marteliers, dans le royaume d’Écosse, de constituer des Surveillants et des Députés, ainsi que de choisir les lieux nécessaires au maintien de l’ordre, aussi souvent que de besoin, pour toutes les personnes relevant du Métier ; 

D’interpeller ceux qui sont absents, d’imposer des amendes aux transgresseurs, de punir les con­trevenants2o: 

De faire, créer et désigner, pour leur propre usage, des députés, assistés de clercs, servants, assistants, et autres officiers, nécessaires pour entendre, discuter, discerner, et décider des peines, et des sentences, devant être prononcéeso; 

De même, de veiller à l’application et au respect des pri­vi­lèges, libertés et autres immunités relevant de l’exercice du Métier, de la même manière que l’a­vaient fait, ou auraient pu le faire, en leur temps, libre­ment et cons­ciencieusement, leurs prédécesseurs. 

En témoignage de quoi, la présente ayant été rédigée par Ale­xander Aikinheid, servant3 de Andrew Hay, écrivain, nous avons signé celle-ci de notre main :

• Loge d’Edimbourg : Willliam Wallace Diacre, John Watt, Thomas Paterson. 

• Loge de Glasgow : John Boid diacre, Robert Boid, un des Maîtres. Hew Douok, Diacre des Maçons à Ayre, et Geor­ge Lid(ell), Diacre des hommes de carrière, Maître de quartier. 

• Loge de Stirlingo: John Thompson, James Rind. 

• Loge de Dumfermlin : Robert Alison, un des Maîtres de Dum­fermlin. 

• Loge de Dundee : Robert Strachoun, Maître Robert Johnstone, Maître, David Mason, Maître. 

• Thomas Flemming, Surveillant à Édimbourg, et Hugh Forest, avec notre main à la plume, dirigée par le notaire soussigné, à notre demande, parce que nous ne pouvons pas écrire. 

Certifié par A.Hay, notaire. 

• Robert Caldwell à Glasgow, ma main à la plume, dirigée par le notaire soussigné, pour moi, parce que je ne peux pas écrire moi-même. 

Certifié par J.Henryson. 

• Moi John, Servant de Maître du métier à Stirling, ma main à la plume, dirigée par le notaire soussigné, parce que je ne peux pas écrire. 

Certifié par J.Henryson. 

• Moi John Burn, un des Maîtres de Dumfermlin, ma main à la plume, dirigée par le notaire soussigné, à ma demande, parce que je ne peux pas écrire moi-même. 

Certifié par J. Henryson. 

• David Robertson, un des Maîtres, Andrew Welson, Maître, Thomas (W)elson, Surveillant de la Loge de Saint Andrews, Andrew West, et David White, Maîtres à Dundee, nos mains à la plu­me, dirigées par le notaire soussigné, à notre demande, par­ce que nous ne pouvons pas écrire.

Certifié par Thomas Robertson.

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NOTES

1 - Martelier - Artisan qui travaille le métal en le martelant. Il est curieux de constater ici que la Fraternité écossaise des Maçons accepte en son sein les marteliers, c’est-à-dire les ouvriers de la forge.

2 - Faute de ponctuation, les dernières phrases du document sont quasiment intraduisibles. On ne peut qu’en retenir l’esprit ; ceci dans une phraséologie interprétative, sinon approximative.

3 - Dans le texte : Servitor - Celui qui sert ou assiste une autre personne.

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